Grandes et petites manœuvres autour du pétrole irakien
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LE MONDE | 24.03.03 | 13h34
Selon cheikh Yamani, ancien ministre saoudien, l'objectif des Etats-Unis est de "privatiser les puits irakiens" à leur profit. Ce sentiment est partagé par de nombreux opérateurs, dont les compagnies non américaines, qui redoutent d'être écartées de la reconstruction.
Scénario rose ou scénario noir ? Les opérateurs du marché pétroliers hésitaient encore, lundi matin 24 mars, sur la conduite à tenir quant à la guerre en Irak et tentaient d'évaluer ses conséquences sur la conjoncture mondiale en général et sur le marché pétrolier en particulier.
A la veille du week-end, l'euphorie prédominait. La direction et la rapidité prises par les opérations militaires, aux premiers jours de l'offensive, étaient sans ambiguïté : elles visaient à protéger en priorité le potentiel pétrolier irakien. Du coup, les Bourses étaient à la hausse et les cours du brut à la baisse, les risques d'une pénurie de pétrole s'éloignant.
"La prime de guerre s'est ou est en train de s'évaporer, résumait sobrement Peter Gignoux, directeur du département pétrolier à la banque Schroder Salomon Smith Barney (SSSB), cité par l'Agence France Presse (AFP). La guerre est jusqu'à présent un grand succès, du point de vue du pétrole, car les puits irakiens sont quasiment intacts". Les événements du week-end, où l'armée anglo-américaine a semblé avoir plus de difficultés que prévu, ont refroidi l'optimisme, même si nul ne cède à la panique.
Les prix du baril de brut, après avoir effacé quatre mois de hausse en huit jours, pour retomber à leurs niveaux de la mi-novembre (entre 24 dollars pour le brent et 27 dollars pour le light sweet crude américain), se sont repris, lundi matin. A 10 heures, lundi, le brent reprenait 3,28 %, à 25,21 dollars. Mais cela ne change pas fondamentalement les opinions à plus long terme, personne n'envisageant que la coalition puisse perdre la guerre, ni même s'y enliser durablement.
De plus, les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) se déclarent tous prêts à pallier l'absence, même prolongée, de l'Irak sur le marché mondial. L'Iran s'est employé à souffler le chaud et le froid sur son vieil ennemi et sur le marché. "Les tensions et la guerre de propagande étaient à l'origine de la hausse des prix. Après la guerre et à l'approche de l'été, le prix du baril du pétrole va descendre à 18 ou 19 dollars", a prédit, samedi, le vice-ministre du pétrole et patron de la Compagnie nationale iranienne de pétrole (NIOC) Mehdi Mir-Moezi. Et de rappeler que "l'Iran produit actuellement 3,6 millions de barils de pétrole par jour mais a une capacité de production de 4,2 millions de barils par jours, qui pourrait être utilisée en cas de besoin".
CADRE JURIDIQUE
Autre membre éminent de l'OPEP, le Venezuela a condamné "sans équivoque la guerre et l'offensive", par la voix de son vice-président José Vicente Rangel. Mais dans le même temps, celui-ci a souligné que son pays, qui produit actuellement plus de 3 millions ed barils par jour, a, malgré la longue grève qui a affecté le pays en décembre et janvier, "la capacité de produire 4 millions de barils par jour". Façon de souligner qu'il peut, lui-aussi, pallier la défaillance momentanée de l'Irak.
En même temps que le potentiel industriel du pays, il va falloir reconstruire totalement le cadre juridique international permettant l'exploitation et l'exportation de son pétrole. A cet égard, soulignent les spécialistes, l'ONU doit rester incontournable.
Selon la revue londonienne Energy Intelligence Group, en 2001, le ministère irakien des pétroles avait promulgué un plan décennal visant à doubler la production, par le truchement de l'exploitation de nouveaux gisements, confiée à des compagnies étrangères. Ce plan pourrait servir de base au développement du secteur pétrolier, quel que soit le nouveau régime.
Les multinationales d'origine britannique BP et Shell ont eu des contacts réguliers avec le gouvernement de Londres pour qu'il les aide à obtenir des contrats d'exploitation des réserves, après la guerre. "L'Irak est un producteur important, il doit décider par lui-même, quel que soit le régime, de l'avenir de son patrimoine", a déclaré à la veille du déclenchement des hostilités, John Browne, le patron de BP, un proche de Tony Blair.
Les compagnies pétrolières américaines comme britanniques sont favorables au production sharing agreement (PSA), contrat de partage de la production entre un pays et une ou plusieurs compagnies pétrolières. Certaines factions de l'opposition irakienne préfèrent la solution de la prestation de services, qui permet de conserver l'entière souveraineté sur les richesses énergétiques. De l'avis général, le délabrement des infrastructures pétrolières va fortement limiter la marge de manœuvre des futurs dirigeants irakiens.
Au sein de l'opposition irakienne, les majors américaines sont très proches d'Ahmed Chalabi, l'un des principaux opposants, proche du vice-président Dick Cheney. En revanche, les compagnies britanniques ont choyé l'ex-banquier Charif Ali ben Hussein, chef de file des royalistes basé à Londres. Interrogé par Le Monde, un porte-parole du Congrès national irakien (CNI), principale organisation des opposants, se déclare favorable au maintien des PSA. Dans une récente interview, cheikh Yamani, ancien ministre saoudien du pétrole, a dénoncé les arrière-pensées de la politique américaine : "L'objectif des Etats-Unis est clair : privatiser les puits irakiens".
Pascal Galinier et Marc Roche (à Londres)
Des troubles au Nigeria
De jeunes militants de l'ethnie Ijaw ont menacé, dimanche 23 mars, de faire sauter les installations pétrolières dans le delta du Niger, dans le sud-est du Nigeria. Les luttes tribales, auxquelles l'armée tente de mettre fin, ont entraîné une réduction de 29 % de la production pétrolière nigériane. Le groupe pétrolier américain ChevronTexaco a décidé, dimanche, d'arrêter ses opérations dans la région. L'anglo-néerlandais Royal Dutch Shell et le français TotalFinaElf ont pris cette même décision dès samedi.
Le delta du Niger, qui représente l'essentiel de la production de brut du Nigeria, est depuis plusieurs années le théâtre d'affrontements entre les différents groupes ethniques, qui se disputent les fruits de l'or noir. Ces violences auraient déjà provoqué une centaine de morts.
L'OPEP redoute que l'Irak serve de "cheval de Troie" aux Etats-Unis
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OPEC
LE MONDE | 24.03.03 | 13h34 • MIS A JOUR LE 24.03.03 | 14h19
Le cartel des pays producteurs affronte une crise de légitimité et pourrait se voir imposer des réformes libérales par Washington, via Bagdad.
Vienne de notre correspondante
C'est à Bagdad que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est née, en septembre 1960. Est-ce à Bagdad que sera signé son arrêt de mort, avec le paraphe du président George W. Bush ? La mise sous tutelle de l'Irak par les Etats-Unis, à l'issue de la guerre, est ressentie, au sein du cartel, comme une menace existentielle.
Samedi 22 mars, le vice-président du Venezuela, Jose Vicente Rangel, a comparé l'intervention américano-britannique à un "cheval de Troie, ou plutôt à un "char" de Troie", introduit au cœur de la forteresse pétrolière.
Malgré tout ce qui les distingue, les onze pays de l'OPEP (Algérie, Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Indonésie, Irak, Iran, Koweït, Libye, Nigeria, Qatar et Venezuela) considèrent que le pétrole n'est pas une marchandise comme les autres, la légitimité des équipes qui les gouvernent étant fondée presque exclusivement sur leur capacité à redistribuer la rente pétrolière.
Tous sont dotés d'une législation qui limite, dans des proportions variables, l'accès des firmes étrangères à ce secteur très lucratif. Le basculement du domino irakien pourrait accélérer des réformes libérales qui sont déjà débattues en Algérie, et à peine esquissées en Arabie saoudite, pays dont la suprématie en tant que premier producteur mondial et principal fournisseur des Etats-Unis paraît mise en cause.
"UNE INFRACTION"
Pour couper court à tout risque de pénurie, le royaume wahhabite a pompé ces dernières semaines jusqu'à 9,4 millions de barils par jour, soit près de 90 % de son potentiel de production. Cela a été interprété comme un feu vert à l'offensive américaine, et a agacé d'autres membres de l'OPEP. Vendredi, le ministère iranien du pétrole rappelait que toute augmentation de la production par des membres de l'OPEP, sans réunion préalable du cartel, serait "une infraction".
Certes, Roger Diwan, directeur de Petroleum Finance Company Energy, basé à Washington, estime que la production irakienne restera inférieure à 3 millions de barils par jour jusqu'en 2005, et qu'une "administration civile intérimaire", selon le terme consacré dans les plans américains, ne saurait prendre, à brève échéance, la décision de sortir de l'OPEP.
Mais le cartel devra vivre désormais avec cette perspective, l'opération "freedom Irak" étant conçue, par les "faucons" de Washington, comme le laboratoire des changements radicaux qu'ils veulent encourager dans tout le Proche-Orient.
Souhaité par l'administration Bush, en guise d'antidote à la récession, l'effondrement actuel des prix traduit aussi l'impuissance de l'OPEP à contrôler un marché où elle ne se pose plus en acteur politique, mais en alliée loyale des grands pays consommateurs – d'où sa décision de faire sauter, dès les premières heures de l'attaque contre l'Irak, la barrière symbolique des quotas.
Le directeur de la revue Petrostrategies, Pierre Terzian, se dit choqué de ce "tropisme pro-occidental" qui fait peu de cas des besoins des pays producteurs, et met le cartel à la merci de la moindre secousse.
L'année 2003 s'annonce difficile pour l'OPEP. Elle a commencé avec l'affrontement, au Venezuela, entre le président Hugo Chavez et une opposition soutenue par Washington, au cours de la longue grève du secteur pétrolier. Ce conflit pourrait rebondir lors du référendum prévu cet été. Elle se poursuit avec la guerre en Irak, mais aussi par des troubles dans le sud du Nigeria où, sur fond de campagne présidentielle, des minorités ethniques revendiquent une part substantielle de la rente pétrolière, contestant que les gisements offshore, les plus prometteurs, soient exclus du système de redistribution au profit des multinationales. Venezuela, Irak, Nigeria : trois pays-clés dans la stratégie de diversification énergétique des Etats-Unis, et dont la défection serait fatale au cartel.
Joëlle Stolz
Carta Abierta de líderes paramilitares Salvatore Mancuso y Carlos Castaño al Alto Comisionado de Paz por combates en la frontera con Venezuela
Colombia, 12 de abril de 2003
Señor Alto Comisionado de Paz
Doctor Luis Carlos Restrepo
De nuestra mayor consideración:
Ante los graves sucesos que recoge en estos días la Prensa nacional e internacional, y que son muy dicientes acerca del infamante contubernio que existe entre las guerrillas de las Farc y sectores de la Guardia Nacional y de la Fuerza Aérea venezolanas, las Autodefensas Unidas de Colombia (AUC) nos vemos en la obligación de poner en su conocimiento e informar a la Opinión pública nacional e internacional y, en modo particular, al hermano pueblo de Venezuela, que:
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Los hechos de guerra producidos en las últimas semanas en la zona del Catatumbo colombiano, y también venezolano, son el triste corolario de la política de oídos sordos que mantiene el Gobierno del coronel Chávez ante los reiterados llamados a investigar y poner fin a la presencia de la narcoguerrilla colombiana en territorio venezolano.
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El territorio colombiano ha sido atacado a finales del mes de marzo y principios de abril por la acción combinada de las Farc y sectores de las Fuerzas Armadas y la Aviación venezolana en zona de responsabilidad del Teatro de Operaciones 2 en la región del Catatumbo. Los hechos tuvieron lugar al pasar las Farc la frontera hacia Colombia, desde sus campamentos en territorio venezolano, en búsqueda de contrarrestar la acción militar del Bloque Norte de las AUC que les ha ocasionado serios reveses en el Norte de Santander. Ante esta situación las Farc han incrementado su presencia en Venezuela bajo la cómplice protección de sectores de las Fuerzas Armadas Venezolanas, especialmente de la Guardia Nacional Venezolana.
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Las Farc contaron para su reciente ataque desde Venezuela con el apoyo logístico de la Guardia Nacional venezolana que, para tal efecto, dispuso los medios terrestres y aéreos correspondientes para que más de 600 guerrilleros colombianos fueran trasladados desde la zona fronteriza con Arauca hasta el Catatumbo –todo el trayecto por carreteras y espacio aéreo venezolanos -.
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No se trató de las primeras operaciones conjuntas entre la Fuerza Pública venezolana y las guerrillas colombianas pero sí ha sido esta del Catatumbo la primera ocasión en la cual la incursión aérea de la Aviación de Venezuela en territorio del Norte de Santander (Colombia) se produce en pleno combate, en apoyo de las Farc y en contra no solamente de las fuerzas del Bloque Norte AUC sino principalmente en contra de caseríos y propiedades rurales de población civil, totalmente ajenos a los enfrentamientos armados entre Farc y AUC.
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Como ya ha informado abundantemente la Prensa venezolana, en los últimos días, los campamentos de las Farc en territorio venezolano se hallan en sitios perfectamente identificados como son la Vaquera en el municipio de Jesús María Cemprún del Estado del Zulia, Casigua en el Estado del Zulia y San Joaquín, municipio de Uribante en el Estado de Barinas, localización que ciertamente no es ajena a las Fuerzas Armadas Venezolanas la cual se halla en estas zonas en estrecha connivencia con las cúpulas narcoguerrilleras de las Farc, por lo cual no resulta extraño que personajes tan nefastos como ‘Raúl Reyes’, ‘Mono Jojoy’, ‘Simón Trinidad’ y ‘Rubén Zamora’ anden por esos estados venezolanos como Pedro por su casa, vergonzosamente escoltados por la Guardia Nacional Venezolana.
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Hechos como los aquí denunciados se han visto incrementados considerablemente a partir de la Declaración por la Paz de Colombia del 29 de noviembre pasado, cuando las Autodefensas Unidas de Colombia (AUC) declaramos un cese unilateral del fuego como manifestación pública de nuestra voluntad de iniciar diálogos con el Gobierno de Colombia que conduzcan a la Paz que tanto anhela el pueblo colombiano.
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La obsesión de las Farc por obtener ventaja militar de los propósitos de Paz de las AUC las ha hecho aumentar sus criminales atentados contra la población civil y territorio colombianos buscando así escalar la guerra. Casos como el del Catatumbo revelan hasta qué punto las Farc pretenden contagiar su odio y su resentimiento criminal entre pueblos hermanos como somos Colombia y Venezuela, introduciendo su artera ponzoña con el ánimo inconfesable de añadir más desencuentros y sufrimientos entre los Gobiernos y las poblaciones de aquí y de allá.
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Las AUC no vamos a facilitarle para nada a las Farc la recuperación de los territorios colombianos del Catatumbo y mucho menos si se vienen lanza en ristre contra Colombia con el apoyo de sectores de las Fuerzas Armadas de Venezuela. Esos territorios han sido liberados del yugo guerrillero y se ha comenzado así a ponerle fin al flagelo de los cultivos ilícitos, primer eslabón del narcotráfico urdido por las Farc. Una vez más reiteramos al Gobierno Nacional y a la Comunidad Internacional que en las AUC estamos dispuestos a colaborar activamente en la erradicación de los cultivos ilícitos arrebatados a las guerrillas colombianas y que ahora ya traspasan las fronteras de Colombia y se diseminan en Venezuela, donde han ido las Farc a sembrar el crimen y la desolación dado que ya se van quedando sin donde incentivar su criminal industria de secuestros y droga en el Catatumbo colombiano.
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El sobrevuelo en territorio colombiano de la Fuerza Aérea Venezolana ha sido incesante en los últimos meses, y en estos días ha seguido amenazante y provocador. Esto presagia nuevos combates de las AUC, allí destacadas, contra las Farc protegidas por apoyo aéreo venezolano. Este comunicado de las Autodefensas Unidas de Colombia (AUC) constituye una denuncia de lo sucedido pero también una advertencia pública acerca de hechos más graves que pudieran producirse si no existe una rectificación total de este accionar desembozado y cínicamente criminal de las Fuerza Militares de Venezuela, en su macabra alianza con las Farc.
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El proceso de diálogos de las AUC con el Gobierno nacional avanza, y avanza con dificultades pero bien orientado, sin prisas pero sin pausas. Todavía es tibio, y casi inexistente el acercamiento de la Comunidad internacional a la Mesa de Exploración donde comienza a perfilarse el inicio del camino que ha de llevar a toda Colombia a la Paz que nos merecemos los colombianos. Sucesos como los del Catatumbo, tan desafortunados y trágicos para la hermandad colombo-venezolana, y más en general para la construcción de la verdadera Paz que anhelamos en todas las latitudes del mundo, esperamos que se constituyan en el punto de partida de una toma de posiciones a favor de la Paz más contundente y eficaz por parte de la Comunidad internacional, la cual no dudamos está dispuesta, en esencia, a concretar su buena voluntad colaborando activamente con la Nación colombiana, sus instituciones democráticas y sus fuerzas económicas y productivas en el diseño e implementación de políticas de Paz y de Reconciliación.
Muy atentamente,
Salvatore Mancuso
Carlos Castaño
Voceros del proceso AUC